« La reverdie (bambini) » : plongeon dans un spectacle hypnotique

C’est un spectacle de danse contemporaine d’une grande poésie et d’un grand talent que nous offrent les danseurs, Steven et Pauline, à la salle Lillico Guy Ropartz dans le cadre du festival Waterproof. Les différents niveaux de lecture, l’esthétique bizarre et poétique du spectacle ainsi que l’absence de temps mort conviennent aussi bien aux petits à partir de six ans qu’aux adultes en quête d’un spectacle inspiré.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en allant voir ce spectacle de danse pour enfant. La référence à un livre de jeunesse « Petit bleu et petit jaune » de Léo Lionni et le titre du spectacle lui-même, « La reverdie (bambini) », me laissaient penser qu’on était sur un registre italien. La commedia dell’arte peut-être ? Mais je me trompais.

« À l’époque du Moyen Âge, la Reverdie était un courant poétique, nous a expliqué Steven, donc des poèmes et des chansons qui parlaient de l’arrivée du printemps, du fait que la nature se pare à nouveau de vert, la reprise de l’activité humaine et animale et le fait de sortir de l’hiver, de verdir à nouveau. »

Quand on entre dans la salle de spectacle, un décor minimaliste, voire futuriste plongé dans la pénombre nous accueille. Il se présente sous la forme d’un grand drap froissé dans une matière qui ressemble à celle d’une couverture de survie recouvrant le sol, comme une grande flaque d’eau circulaire. Au niveau sonore, des voix d’enfants chuchotées inquiètent. Puis la lumière se fait peu à peu et les deux danseurs couverts de peinture brillante jaune et bleue à l’aspect plastifié entrent en scène. Ils se plantent, muets et inexpressifs, tels des robots face à nous.

Pauline et Steven en compagnie de l’équipe de Brèves de Quartier après l’interview.

Une étrangeté captivante

Au milieu des bruissements de leurs pieds glissant sur la tenture et d’une bande sonore mêlant cris d’oiseaux, bruits de souffles ou de vagues, les danseurs entrent peu à peu en mouvement sans quitter leur position au sol, tels des arbres dans le vent. La chorégraphie, entre accélération, ralentissement, synchronisation et désynchronisation de gestes gracieux, nous hypnotise.

Le jaune et le bleu se mélangent au fur et à mesure des effleurements et empoignements exécutés avec tension, maladresse ou sensualité. Leurs visages restent toujours froids et leurs regards fixes. Cette étrangeté nous captive et nous interroge. L’absence d’émotion affichée nous emmène à chercher la signification de la performance dans la succession mécanique des gestes de ces deux êtres qui se rencontrent et entrent en communication.

« montrer par la couleur que quand on rentre en contact, en fait, on transforme l’autre et l’autre nous transforme aussi » nous résument Pauline et Steven.

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